Boursorama – 7 avril 2014
La nouvelle équipe gouvernementale est au travail. Le temps presse et, avec lui, celui des réformes. Des réformes qui, selon Christian Saint-Etienne, devront inéluctablement passer par des économies drastiques. Faute de décisions tranchées, tout effort sera vain.
La dette de la France s’établit à 93,5% du PIB à fin 2013, tandis que le déficit atteint encore 4,3% du PIB en 2013, contre 5,2% en 2011, soit une baisse de 0,9 point de PIB en deux ans. Comment expliquer une aussi faible réduction du déficit alors que les recettes publiques passent de 50,7% du PIB en 2011 à 52,8% en 2013, soit une hausse de 2,1 points de PIB ? La raison est évidemment la montée de la dépense publique, qui passe de 55,9% du PIB en 2011 à 57,1% en 2013, soit une hausse de 1,2 point, en contradiction avec tous les discours officiels, tous les engagements pris envers l’Europe et le besoin affirmé de réforme du pays.
La « baisse de la dépense publique » tourne à la farce ! Alors qu’elle a augmenté en France de 1,2 point de PIB de 2011 à 2013, elle a baissé de 0,5 point en Allemagne et de 0,8 point en Espagne, sur la même période, pour prendre deux de nos voisins. La dépense publique de la zone euro hors France n’augmente que de 0,2 point de PIB de 2011 à 2013 en dépit des interventions de nombreux Etats pour aider leurs secteurs bancaires au cours de cette période. Au Royaume Uni, la dépense baisse de 0,9 point sur la même période.
La Commission européenne, dans ses prévisions économiques de février 2014, s’attend à ce que la France ne réduise pas le poids de sa dépense publique en pourcentage du PIB en 2014-2015 alors que la dépense baisserait de 1 point de PIB sur cette période dans le reste de la zone euro.
Pourquoi la France se révèle-t-elle incapable de réduire sa dépense publique au point de se ridiculiser devant toute l’Europe ? En réalité, la dépense publique est le fait de trois acteurs. En 2014, elle atteindra 12 points de PIB pour les collectivités locales, 17 points pour l’Etat et 28 points pour la Sécurité sociale, soit 57% du PIB au total. Il ne peut pas y avoir de baisse de dépense qui ne réduise massivement le nombre de collectivités locales, tout en supprimant la clause de compétence générale permettant à chacune d’entre elles d’intervenir dans tous les domaines. Il ne peut y avoir de baisse de dépense qui ne réduise les subventions aux associations et organismes. Enfin, il ne peut y avoir de baisse de dépense qui ne réforme réellement les retraites et le système hospitalier. La France fonctionnerait mieux avec 300 députés, 100 sénateurs, 7 000 communes, 12 à 15 régions, etc.
Si Bercy veut changer de braquet face à la dérive des comptes publics, il faut donc entamer de véritables réformes de structures, geler les prestations sociales en valeur nominale pendant dix-huit mois, réintroduire la dégressivité des allocations chômage, etc. Est-ce audible politiquement ? Est-ce tolérable pour la majorité au pouvoir, et même pour l’ensemble de la classe politique ? Réponse avant cet automne !
Christian Saint-Etienne
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