Les Echos – 4/10/2022

Dix chiffres comme autant de propositions pour éviter les erreurs commises il y a deux ans.

En 2019, la réforme des retraites a échoué pour deux raisons : par péché d’orgueil car l’on voulait remplacer 42 régimes par 1 seul, et parce qu’on a voulu cacher la nécessaire réforme paramétrique sous un régime dit « par points », la valeur de ces derniers baissant subrepticement sur la longue durée. Pour éviter ces deux erreurs, il faut reconnaître qu’il y a 5 façons de se relier au marché du travail, et donc 5 régimes s’imposent.

1. Pour les salariés du privé.

2. Pour les fonctionnaires de l’Etat qui s’engagent à vie avec des salaires faibles à condition d’espérer vivre décemment à la retraite.

3. Pour les indépendants, dont le nom dit tout : pourquoi un Etat centralisateur devrait-il gérer leur régime ?

4. Pour les régimes spéciaux du public (EDF, RATP, SNCF) qui doivent rester indépendants compte tenu de suggestions spécifiques.

5. Pour les régimes spéciaux du privé (médecins, avocats, etc.) qui sont excédentaires : pourquoi un Etat mal géré devrait-il prétendre gérer des régimes excédentaires ?

La deuxième erreur à éviter est de vouloir cacher la réforme paramétrique que les Français voient à livre ouvert. Ce n’est jamais bon de les prendre pour des imbéciles.

L’allongement de la durée de vie depuis la dernière réforme de 2010 devrait conduire à fixer l’âge de départ à la retraite à 65 ans avec une durée de cotisation de 44 ans. Même si une majorité des travailleurs du privé partent à 63,5 ans, le pays n’est pas prêt pour 65 ans. Il semble raisonnable de se caler sur 64 ans et 44 ans. Pour favoriser la natalité, on peut réduire de 4 mois par enfant avec un plafond de 16 mois, les deux paramètres. De même, pour prendre en compte la pénibilité, on peut construire une échelle de pénibilité permettant de réduire au maximum les deux paramètres de 18 mois, le maximum ne devant pas concerner plus de 15 % des travailleurs. Les deux paramètres seraient plafonnés à 24 mois. Ainsi, au maximum de ces deux cas, l’âge de départ serait à 62 ans avec une durée de 42 ans, les branches pouvant négocier une réduction supplémentaire d’un an à leurs frais. On peut gager qu’en moyenne, l’âge de départ serait à 63,5 ans avec une durée de 43 ans, tout en donnant un avantage aux familles et aux emplois pénibles.

Il faut enfin limiter les régimes de retraite en répartition en annuités à près de trois fois le plafond de la Sécurité sociale arrondi à 120.000 euros par an, pour calculer cotisations et prestations, et mettre en place des régimes assurantiels privés au-delà. Et il faut innover avec la mise en place du régime 80-90-100 %, négocié par branche, permettant aux travailleurs, à partir de l’âge de 63 ans, de travailler 4 jours par semaine (80 %), en touchant 90 % du salaire, et en venant le cinquième jour faire du tutorat pour les jeunes ou enseigner dans les CFA (100 % du temps). C’est reconnaître la valeur de l’expérience plutôt que de virer les gens comme des malpropres après 60 ans.

Enfin, il faut arrêter de concentrer l’essentiel de la formation permanente sur les moins de 40 ans, ce qui justifie de virer les gens réputés mal formés à 50 ans. Donc pour frapper l’attention, 40 % des fonds doivent bénéficier aux plus de 40 ans. Pour réussir la réforme des retraites, il faut donc 10 chiffres : 5 régimes, 64 ans pour l’âge de départ, 44 ans de durée de cotisation, 2 ans de bonus, 120.000 euros de plafond, 80-90-100 % de valorisation de l’expérience, 40 % de formation pour les plus de 40 ans. Et beaucoup d’amour pour les travailleurs.

 

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