Les Echos – 27/10/2017

Ne rognons pas l’indispensable projet de supermétro autour de Paris pour des raisons budgétaires. La perte serait considérable pour la croissance de demain.

La croissance est repartie en France pour au moins deux ou trois semestres et se met en place une politique de réformes pour en garantir la pérennité. Tout n’est pas parfait, mais le train s’ébranle ! Il ne peut accélérer sans une dimension clef de la croissance : les territoires.

La croissance des pays modernes s’enracine dans des territoires bien gouvernés entraînés par des métropoles dynamiques. Trois métropoles sont les locomotives de la France : Paris, Lyon et Aix-Marseille-Provence.

Il y a maintenant presque dix ans que la politique du Grand Paris a été lancée par le président Sarkozy, sur une idée puissante de Christian Blanc. Consolider le renouveau de la région capitale, qui a souffert pendant de trop nombreuses années du syndrome de « Paris et le désert français », slogan d’inspiration vichyste, est vital car le Grand Paris produit 31 % du PIB national tout en ne recevant que 22% du revenu national : Paris produit des richesses qui sont redistribuées sur tout le territoire national.

Un investissement public ultra rentable

Le fleuron le plus tangible de cette politique de renouveau est le métro automatique ultraperformant du Grand Paris Express reliant les principaux clusters de développement de la région parisienne. Ses effets sur la croissance et l’emploi sont maintenant établis, avec 150.000 emplois créés à terme, entraînant un PIB additionnel de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an et une recette annuelle considérable pour l’Etat, de quoi accélérer la baisse de l’endettement du pays. Cela en fait un des investissements publics les plus rentables de ce début du XXIe siècle en Europe et même dans le monde.

Le Grand Paris Express forme un tout et il serait dangereux pour la réussite de l’ensemble de vouloir le rogner pour le faire passer sous la toise budgétaire du respect des critères de Maastricht. Décaler ou pis supprimer une partie du projet n’apporterait qu’une modeste ressource, face à une perte considérable pour la croissance de demain et même l’emploi d’aujourd’hui.

On entend les bruits les plus fous, comme par exemple de repousser la réalisation de la ligne qui permettra de relier Roissy au centre de Paris, au motif que le CDG Express suffirait, avec un RER B amélioré, à écluser le trafic du corridor nord de Paris. C’est totalement méconnaître qu’à l’horizon 2025 les entrées nord de Paris seront complètement congestionnées, au point que même le CDG Express, la ligne 17 Roissy-Paris et un RER amélioré ne suffiront pas à écouler le trafic prévisible.

Mauvais signal

Même réflexion pour la ligne Orly-Versailles, celle qui va desservir Saclay et la plate-forme industrielle de Guyancourt. C’est également une ligne de très forte rentabilité économique, quand on considère les espoirs de développement placés dans Saclay. Les idées les plus stupides fleurissent en laissant penser que les nouvelles technologies de transport vont pouvoir permettre de faire l’économie d’un métro.

Ne pas faire la ligne de Saclay au plus vite, c’est tuer les atouts de ce site dans la concurrence mondiale pour les talents, c’est anéantir les chances de Paris dans sa candidature à l’Exposition universelle de 2025 , c’est pousser les grandes entreprises de la zone à se localiser à Singapour ou ailleurs, c’est perdre des dizaines de milliers d’emplois, c’est tout simplement enfermer définitivement les travailleurs et étudiants d’aujourd’hui dans des embouteillages insupportables.

C’est aussi donner un très mauvais signal sur la scène internationale, celui d’une France défaisant en 2017 un projet qu’elle aura mis dix ans à construire, pour faire quelques économies d’un jour qui détruiront des richesses massives pour toujours. Ne noyons pas le Grand Paris Express dans les faux raisonnements archaïques de ceux qui se complaisent dans le déclin du pays.

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