Les Echos – 14 janvier 2019

On peut faire une réforme fiscale qui contribue à créer des richesses tout en ciblant intelligemment les plus hauts revenus sans les faire fuir… ni les insulter.

La France détient le triste record de la dépense publique la plus lourde et la moins efficace de l’Union européenne. A 56,2 points de PIB en 2018, la dépense française produit une croissance faible, 20 % des jeunes sortant du système éducatif sans les compétences de base, un taux de chômage élevé, une insécurité croissante, etc. La France est un cas d’école démontrant qu’une dépense publique élevée ne contribue ni à la croissance, ni à la sécurité, ni au bonheur !

La protection sociale atteint 33,3 % du PIB, contre 28 % dans la zone euro et 25 % pour l’OCDE, et les pensions pèsent 14,2 % du PIB. La protection sociale représente 59,25 % de la dépense publique et les retraites plus du quart (25,3 %) de la dépense publique. La charge de la dette publique est de 1,9 % du PIB. Hors protection sociale et charge de la dette, la dépense publique n’atteint que 21 % du PIB ! Le poids de la protection sociale casse les mécanismes de la prospérité, car on finance massivement le non-travail par un âge de départ à la retraite trop faible et des règles d’indemnisation du chômage trop généreuses.

Mantra des caqueteurs

Nos dirigeants et ceux, en gilet jaune, qui les contestent, ont une solution à nos problèmes de croissance, de compétitivité et de faiblesse du taux d’emploi : augmenter la dépense publique et les impôts sur les « riches » ! Or les riches sont aujourd’hui avant tout des entrepreneurs et des investisseurs. « Brisons donc les créateurs de richesses pour accélérer la croissance ! », tel est le nouveau mantra des caqueteurs sur les réseaux sociaux et les chaînes télévisées.

Des riches déjà surimposés, sauf peut-être le Top 1 pour 1.000, soit les 3.000 ménages les plus riches de France, qui peuvent s’installer à tout moment à l’étranger : il est d’ailleurs miraculeux qu’ils ne l’aient pas fait, mais on envoie tous les signaux pour qu’ils se « cassent », comme un journal parisien le suggérait récemment à un des entrepreneurs français ayant créé le plus d’emplois en France au cours des vingt dernières années…

Tout est-il donc « fichu » ? Non ! On peut paradoxalement faire une réforme fiscale puissante qui contribue à créer des richesses tout en ciblant intelligemment les plus hauts revenus sans les faire fuir et sans les insulter.

Un impôt Gini

Le taux d’impôt sur les sociétés devrait atteindre 28 % en 2020 sur l’ensemble des bénéfices puis 25 % en 2022. Le taux d’imposition sur les revenus du capital est de 30 % et l’IFI, résidu de l’ISF, contribue à casser la reprise immobilière pour un maigre rapport. Il faut supprimer l’IFI au 1er janvier 2020 et porter le taux de prélèvement forfaitaire à 28 % en 2020 et à 25 % en 2022, pour un coût en année pleine de 3,5 milliards d’euros en 2020 et 4,8 milliards d’euros en 2022 hors reprise immobilière et un gain net de 1 à 3 milliards d’euros en 2020 et de 5 à 7 milliards d’euros en 2022 avec reprise immobilière. Ce surplus permettrait de financer la suppression de la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu de 45 % en 2020.

On pourrait en rester là si seule la raison commandait à la réforme fiscale ! Mais l’envie rôde partout en France. Il faut taxer les riches, c’est-à-dire, en ces heures délétères, tous ceux qui « gagnent plus que moi ». Alors, répondons frontalement à la demande de taxer davantage les très riches afin de faire « jouir » le peuple. Après tout, cette jouissance, si malsaine soit-elle, est un objectif politique comme un autre. Je propose donc ici une novation totale en matière fiscale. Créons un « impôt Gini » sur les très hauts revenus visant à réduire les inégalités sociales après redistribution.

Je propose d’introduire un nouvel impôt de 1 % sur le revenu fiscal de référence au-dessus de 100.000 euros, 2 % au-dessus de 200.000 euros et 3 % au-dessus de 300.000 euros. Et je propose d’affecter les recettes de l’impôt Gini au financement de  la prime d’activité afin de créer un lien direct entre fiscalité sur les très riches et incitation à travailler pour les revenus modestes.

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