Christian Saint-Etienne était l’invité de Jean-Rémi Baudot dans l’émission « Les informés de l’éco » sur france info ce samedi 23 septembre 2023
Le Projet de loi de finances 2024 est présenté en Conseil des ministres mercredi prochain. Entre nécessaires économies à réaliser pour éviter d’exploser encore plus la dette, et nécessaire soutien à l’activité et aux ménages… baisses d’impôts, vente à perte…
La boîte à idées est ouverte mais les finances publiques survivront-elles à la cosmétique politique ?
Les Echos – 5/09/2023
La France est dotée d’un système de santé d’une grande complexité avec des établissements de santé, des groupements hospitaliers de territoires ou des maisons de santé qui ne doivent pas être confondues avec des maisons médicales de garde. Or personne ne semble satisfait du fonctionnement de ce système complexe qu’il faudrait rationaliser sur le périmètre des bassins de vie.
Fin 2020, le secteur hospitalier français comptait près de 3.000 établissements de santé, dont 1.350 hôpitaux publics, 970 cliniques privées et 670 établissements privés à but non lucratif – dont 20 centres de lutte contre le cancer. Parmi les établissements publics, on comptait 180 centres hospitaliers régionaux, 1.030 centres hospitaliers – dont 92 spécialisés en psychiatrie – et 140 autres établissements publics, essentiellement des unités de soins de longue durée.
Le nombre de structures et le nombre de lits diminuent régulièrement à mesure des restructurations et de l’essor de l’ambulatoire qui reste moins développé qu’ailleurs en dépit des progrès récents. Ces établissements employaient 1,36 million de personnes dont 160.000 soignants, 850.000 agents non médicaux soignants et 350.000 agents du personnel non médical, non soignant. Le secteur public employait 77% des effectifs salariés de secteur hospitalier.
Les groupements hospitaliers de territoires (GHT) sont un dispositif conventionnel, obligatoire depuis juillet 2016, entre établissements publics de santé d’un même territoire, par lequel ils s’engagent à se coordonner autour d’une stratégie de prise en charge commune du patient.
En mars 2023, la France comptait également 2.251 maisons de santé avec un objectif de 4.000 maisons qui sont des structures pluriprofessionnelles dotées de la personnalité morale et constituées entre professionnels médicaux, auxiliaires médicaux ou pharmaciens. Les maisons de santé ne doivent pas être confondues avec les 340 maisons médicales de garde qui accueillent les patients en dehors des horaires conventionnels (de 20 heures à 8 heures du matin).
Selon l’Insee, 1.707 bassins de vie structuraient le territoire français au début de cette année, dont 26 dans la France d’outre-mer. Chaque bassin de vie est défini autour d’une ou plusieurs communes qualifiées de pôles de services comprenant notamment les collèges, les commerces, les stations-service ou agences bancaires, les piscines et laboratoires d’analyses médicales ou encore les services publics de police/gendarmerie et de finances publiques. Ces bassins se divisaient en 65 bassins urbains denses, 386 urbains de densité intermédiaire et 1.256 bassins ruraux.
Il apparaît que le système de soins doit être restructuré sur ces bassins de vie en s’organisant pour qu’ils aient chacun, en fonction de leur taille, de 1 à 3 maisons médicales de garde ouvertes la nuit (de 20 heures à 8 heures) afin de mailler le territoire pour éviter les recours inutiles aux urgences. Avec, à terme, 4.500 à 5.000 maisons médicales de santé ouvertes le jour et un nombre équivalent de maisons de garde ouvertes la nuit, on pourra accélérer la restructuration du système en renforçant massivement les équipements des 180 centres hospitaliers régionaux (CHR) tout en réduisant le nombre d’établissements de santé de 3.000 à moins de 2.000 mieux équipés, certains des établissements en surnombre se transformant en maisons de santé et de garde.
Les CHR doivent être tous portés au plus haut niveau mondial d’équipements et de qualité de soins pour redonner à la France le pailleur système de santé au monde, la place qui était la nôtre il y a trente ans.
Christian Saint-Etienne intervenait sur Xerfi Canal le 13 juin 2023.
Un point de stratégie et de méthode. Quand les deux grands acteurs de la Nouvelle Révolution industrielle les États-Unis et la Chine, privilégient des technologies, comme l’intelligence artificielle, les voitures autonomes ou les batteries électriques, ils associent toujours plusieurs entreprises nationales en compétition sur le développement de ces technologies et de leurs applications avec un environnement réglementaire adapté.
L’Europe, dans le même contexte, conçoit un environnement réglementaire ouvert aux Chinois et aux Américains, au moins autant qu’aux Européens. L’Union européenne a une vision réglementaire et « a-stratégique » du monde. L’approche réglementaire est utile en accompagnement d’une vision stratégique puissante, mais le réglementaire a-stratégique est un poison mortel.
Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne en charge des questions de concurrence, a indiqué souhaiter une inflexion à la doctrine européenne de la concurrence dans une conférence du 9 décembre 2019 en évoquant la nécessité de modifier les notions clés de « marché pertinent » dans le cadre de la révolution numérique, de « champ de la concurrence » pour intégrer les produits et services numériques dans l’analyse des dossiers de fusion-acquisition et a appelé à durcir les exigences de réciprocité dans l’accès aux marchés publics face aux concurrents de l’Europe. La doctrine européenne sur la concurrence n’a pas été modifiée depuis 1997, ce qui la rend en partie obsolète compte tenu de l’accélération de la révolution iconomique et de l’essor de la Chine. Pourtant rien de significatif n’a changé sur ces questions depuis 2019.
La Commission européenne avait bien annoncé en avril 2018 une initiative en faveur de l’intelligence artificielle en soulignant l’urgence du sujet. Avec juste dix ans de retard sur les États-Unis et la Chine ! Mais les budgets européens sont trois fois moins importants qu’en Asie (Chine, Japon et Corée du Sud notamment), et quatre fois moins qu’aux États-Unis. En 2021-2023, le retard de l’Union européenne s’est aggravé dans ce domaine.
En revanche, l’Europe est en avance dans la préparation de chartes éthiques pour l’utilisation de l’intelligence artificielle. Elles seront en effet utiles pour réglementer les achats de systèmes à base d’intelligence artificielle que nous importerons de Chine ou des États-Unis…
L’aspect existentiel de la révolution iconomique n’est pas compris par les responsables politiques et médiatiques européens. Il ne s’agit pas seulement de prospérité mais de liberté. Non seulement la Révolution industrielle de l’iconomie va repositionner tous les pays sur l’échelle de valeur ajoutée et de prospérité au cours des dix prochaines années – les pays ou continents qui ratent cette révolution devenant relativement pauvres et impuissants par rapport aux gagnants –, mais les perdants de la guerre économique et technologique seront marginalisés sur les plans politique et culturel.
L’approche réglementaire a-stratégique de l’Union européenne dans la Troisième Révolution industrielle prépare l’asservissement des peuples européens. Même si le Commissaire européen Thierry Breton a largement contribué à l’évolution de la pensée économique de la Commission européenne et à la mise en œuvre du DSA-DMA, il n’a pas obtenu les moyens nécessaires à une vraie politique stratégique lors de la négociation sur le budget européen 2021-2027 de 1 074 milliards d’euros pour sept ans. L’Europe s’est marginalement réveillé sous l’effet de la crise du Covid et de la guerre en Ukraine, mais son approche des problèmes mondiaux demeure essentiellement a-stratégique.
L’Allemagne, qui assume le leadership de l’Europe depuis l’affaiblissement français, mène une politique mercantiliste défendant les seuls intérêts allemands, ce qui ne favorise l’émergence d’une Europe – puissance, acteur stratège de son devenir.
Christian Saint-Etienne était l’invité de Nicolas Doze dans l’émission « Les Experts » sur BFM Business ce mercredi 30 août 2023.
Cliquez sur ce lien pour visionner le replay de l’émission.
Ce mercredi 30 août, Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyses et prévisions de l’OFCE, Christian Saint-Étienne, professeur au CNAM et membre du Cercle des économistes, et Rafik Smati, chef d’entreprise dans le digital, ont décrypté le dépassement de 5,5% du taux d’usure du crédit immobilier sur 20 ans, dans l’émission Les Experts, présentée par Nicolas Doze.
Christian Saint-Etienne était l’invité de Nicolas Doze dans l’émission « Les Experts » sur BFM Business ce mercredi 30 août 2023.
Cliquez sur ce lien pour visionner le replay de l’émission.
Ce mercredi 30 août, Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyses et prévisions de l’OFCE, Christian Saint-Etienne, professeur au CNAM et membre du Cercle des économistes, et Rafik Smati, chef d’entreprise dans le digital, se sont penchés sur la coalition allemande qui trouve un accord s’accordant sur une baisse de fiscalité pour les entreprises de 32 MDS€ en 4 ans, dont 7 MDS€ en 2023 dans l’émission Les Experts, présentée par Nicolas Doze.
Les Echos – 20/06/2023
Une reprise en main de notre déficit public s’impose d’autant plus que la transition climatique va coûter de plus en plus cher.
Le déficit public de la Franc est passé de 9% du PIB en 2020 à 4,7% en 2022 avant de remonter à 4,9% en 2023. Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, la baisse du déficit programmée par le gouvernement à 3,7% en 2025, soit 1 point de PIB en dessous du niveau de 2022, conduira à une stagnation de la dette publique à 109,5% de 2023 à 2025. Le gouvernement reconnaît lui-même que la situation de nos finances publiques est très dégradée et qu’aucune amélioration réelle n’est en vue jusqu’en 2027, avec un déficit qui reviendrait seulement au niveau de 2019, autour de 3%. Même si Standard & Poor’s a maintenu la note AA de la dette française le 2 juin 2023, le retour à l’équilibre de nos finances publiques est, à ce stade et sans changement d’orientation, une vue de l’esprit.
Cet affaiblissement public s’explique en grand partie par le niveau d’entrée du déficit dans la crise. Le déficit français s’établissait à 3,1% en 2019 contre 0,6% pour la zone euro et un excédent de 1,5% avec l’Allemagne, soit un écart de 2,5% du PIB avec la zone euro et de 4,6% avec l’Allemagne. La France avait réduit ces écarts en 2022, mais la dérive de la dépense publique française en 2023-2024 les rouvre. En 2024, le déficit français sera vraisemblablement supérieur de 2% du PIB à celui de la zone euro et de 3% à celui de l’Allemagne.
Le faible ajustement relatif de la trajectoire de nos finances publiques explique que l’écart de dette publique en pourcentage du PIB va se creuser avec la zone euro en 2023-2024, voire diverger en 2025-2027 si une reprise en main ne s’opère pas rapidement. Cette reprise en main s’impose d’autant plus que la transition climatique va coûter de plus en plus cher, de l’ordre de 3 points de PIB par an, ce qui pourrait conduire la France au désastre financier en cas de nouveau choc comparable à celui du Covid-19.
L’origine de cette dérive est identifiée. La dépense publique progresse plus vite en France que chez ses voisins de la zone euro, de 7,3 points de PIB de plus qua la moyenne de la zone euro en 2022 à 7,8 points de plus en 2024, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. La réalité est plus grave si l’on compare la France à la zone euro hors France, l’écart de dépense publique atteignant 9,1 points de PIB en 2022 et 9,3 points en 2024. Non seulement la dépense publique dépasse de plus de 9 points de PIB celle des pays avec lesquels la France partage la même monnaie, mais cette dépense est inefficace puisque la croissance annuelle française est tombée à 1,15% sur la période 2014-2023 avec un déficit extérieur croissant. La croissance française qui permettrait de restaurer l’équilibre des comptes extérieurs est famélique et ne dépasse pas 0,75% par an.
La dépense sociale française dépasse 34% du PIB, soit le record du monde, sans que personne semble content ! L’école primaire est sinistrée avec un classement Pisa désastreux, 18% des enfants ne maîtrisent pas les compétences de base (lecture, écriture, calcul) et 12% des enfants qui les maîtrisent mal. Si la France surperformait ses compétiteurs dans tous les domaines, notre organisation serait un modèle. Mais dépenser 9 points de PIB de plus que les autres, alors que le pays s’appauvrit relativement, avec une baisse du niveau de vie de 12% comparée à l’Allemagne en moins de quinze ans, relève d’un Etat en faillite.
Christian Saint-Etienne était l’invité de Lorrain Sénéchal et Emmanuel Cugny dans l’émission « Les Informés de l’Eco » sur France Info ce samedi 17 juin 2023.
À VivaTech, le grand salon européen de la technologie et des start-up, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé 500 millions d’euros pour développer l’intelligence artificielle. Ce montant doit servir à créer cinq ou dix clusters sur l’IA et faire émerger des pôles de rang international.
Que pèse aujourd’hui l’économie numérique, en croissance, en emploi, en débouchés industriels ? Emmanuel Cugny et Lorrain Sénéchal reçoivent Nathalie Chusseau, professeure à l’université de Lille, et Christian Saint-Etienne, membre du Cercle des économistes, professeur d’économie industrielle au Conservatoire national des Arts et Métiers.
L’Opinion – 14 juin 2023
L’Union européenne s’est construite, de par le traité de Rome de 1957, sur le principe de concurrence en éradiquant toute notion de puissance pour éviter le retour de la guerre sur le continent européen. Mais cette dernière a frappé à nouveau en février 2022 une Europe qui se croyait à l’abri depuis plus de trois quarts de siècle sous la protection des Etats-Unis. Une protection illusoire contre l’absence de principes actifs de médicaments importés à 80% de Chine et d’Inde, de microprocesseurs importés à 80% de Corée du Sud et de Taïwan, de batteries importées de Chine.
Pour l’Union européenne de 1958 à 2020, tous les produits et services étaient indéfiniment disponibles à condition de payer. Depuis le Covid et la guerre en Ukraine, même l’Union européenne a compris que le libéralisme ne rime pas avec négligence, même s’il s’oppose au protectionnisme. Le protectionnisme consiste à favoriser des producteurs nationaux même lorsqu’ils sont inefficaces ou innovent peu. Le libéralisme naïf, celui de l’Union européenne pendant trop longtemps, n’exigeait pas de réciprocité dans le commerce, permettant aux Chinois de faire en Europe ce que les Européens ne peuvent toujours pas faire en Chine.
Six filières clés. La souveraineté par l’innovation consiste à s’assurer que la production des six filières clés de la souveraineté soit assurée à au moins 75% sur son territoire. Ceci suppose une programmation stratégique conduite avec les entreprises dans ces six filières : la défense pour disposer des armements nécessaires, la finance pour financer les conflits éventuels, l’agroalimentaire pour nourrir le peuple en toutes circonstances, l’industrie pharmaceutique pour soigner le peuple, l’énergie pour alimenter le système et le numérique pour le faire fonctionner. Ce sont les six domaines dans lesquels les Etats-Unis et la Chine sont en compétition frontale. L’Europe a largement négligé ces secteurs, acceptant ses dépendances dans chacun de ces domaines.
Mais c’est la France qui est la plus coupable, depuis un quart de siècle, d’avoir laissé filer la dépense publique plutôt que de concentrer son énergie sur la souveraineté par l’innovation. Alors que nous disposions d’une armée complète en 1995, de la première place dans la pharmacie et l’agroalimentaire en Europe au tournant du siècle, d’une large souveraineté énergétique en 2010, nous sommes devenus dépendants dans la plupart des domaines clés de la souveraineté. Ce n’est pas en fermant nos frontières que nous pouvons revenir au premier plan, mais en invitant les principaux acteurs d’excellence de ces secteurs à produire en France dans le cadre d’une programmation stratégique ambitieuse à 15 ans visant à favoriser l’innovation et la production de biens et services dans ces six secteurs.
Nous devons nous doter d’agences publiques favorisant la recherche et l’innovation, comme la Darpa et la Barda américaine, continuer de réduire les impôts de production, accélérer le développement des formations techniques et inviter les grands industriels américains, sud-coréens et taïwanais à venir s’installer chez nous avec de puissantes usines permettant de servir le marché national et l’exportation dans une ouverture d’esprit complète.
Christian Saint-Etienne intervenait sur Xerfi Canal dans une vidéo « Libre Propos » publiée le 2 juin 2023.
Si Biden avait renouvelé le soutien américain à l’OTAN au sommet de l’organisation en juin 2021, c’est après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 que les Américains ont réveillé l’OTAN pour en faire un instrument de leur politique stratégique européenne. Joe Biden a donné son appui à l’OTAN le 24 mars 2022 lors d’un sommet à Bruxelles, puis à nouveau en juin 2022 lors d’un sommet à Madrid. Lors de ce sommet, Biden a déclaré que Poutine « voulait une “finlandisation” de l’Europe », mais qu’il obtiendrait au contraire une « “Otanisation” de l’Europe ». […]
Christian Saint-Etienne, économiste et professeur au CNAM, était l’invité de l’émission Ecorama du 1er juin 2023, présentée par David Jacquot sur Boursorama.com. Il a notamment donné son point de vue sur l’évolution de l’inflation, la désindustrialisation de la France, et le financement de la transition énergétique par un ISF vert.