Les Echos – 15/12/2023
En 2021, la France a comptabilisé 0,8 % des émissions mondiales de C02. Un chiffre très faible par rapport à d’autres grandes puissances, comme la Chine.
La Conférence de Dubaï sur le changement climatique, ou COP28, a enregistré des engagements significatifs des parties prenantes, notamment des Etats-Unis et de la France sur le nucléaire et pour la France sur la protection des forêts :
- Un fonds pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique va être créé, la France apportant également des aides directes importantes à la Papouasie Nouvelle-Guinée et à la République du Congo pour protéger leurs forêts.
- 118 pays – mais pas la Chine et la Russie – s’engagent à tripler leur capacités d’énergie renouvelable (solaire, éolien, hydroélectrique) d’ici à 2030.
- 20 pays – dont les Etats-Unis et la France – s’engagent à favoriser le triplement de l’énergie nucléaire d’ici à 2050.
L’Union européenne est désormais en pointe dans la lutte contre les émissions de carbone, et l’UE et les Etats-Unis le sont dans les innovations de rupture sur les technologies nécessaires à la transition climatique.
Pour ce qui est du réchauffement climatique, à l’inverse de ce qui précède, une lecture rapide de la presse européenne semble indiquer que les émissions de CO2 liées à l’énergie viennent essentiellement de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon. Une lecture attentive des communiqués de certaines organisations françaises et des ONG laisse délibérément penser que la France est le principal émetteur mondial de gaz à effet de serre. Qu’en est-il ?
En 2021, les émissions mondiales de CO2 étaient issues, d’une part, des Etats-Unis, de l’Europe (UE 27 + Royaume-Uni + Norvège + Suisse + autres pays européens) et du Japon pour 28.2% – et 0.8% pour la seule France – et, d’autre part l’Asie – sans le Japon – plus la Russie pour 54%. Sur la période 2011-2021, les émissions de CO2 ont baissé annuellement de 1.4% pour le bloc Etats-Unis, Europe et Japon, contre une hausse annuelle de 2,2% pour l’Asie – hors Japon – plus la Russie.
Compte tenu des engagements pris par les parties prenantes aux différentes COP, des politiques énergétiques en Asie – hors Japon – et en Russie, il est raisonnable d’anticiper une baisse des émissions de CO2 en rythme annuel d’au moins 2.5% par an sur la période 2022-2030 pour l’ensemble Etats-Unis, Europe et Japon, et une hausse des émissions de CO2 de 2% par an pour le bloc Asie – hors Japon – et Russie sur la même période.
En 2030, sauf guerre mondiale ou catastrophes planétaires, il est raisonnable d’anticiper que les émissions de CO2 du bloc Etats-Unis, Europe et Japon atteindront 22.5% du total mondial, dont 8.5% pour l’Europe élargie, 0.5% pour la seule France et 1.5% pour l’Allemagne. En 2030, le bloc Asie – hors Japon – plus Russie devrait émettre 59% des émissions mondiales de CO2 – dont 33% pour la Chine et 11% pour l’Inde. Soit 2.6 fois le bloc des développés et 118 fois la France.
Il apparaît donc clairement aux yeux du lecteur attentif de cette chronique que la France, dont la part dans les émissions mondiales de CO2 devrait passer de 0.8% en 2021 à 0.5% en 2030 (avec 3% du PIB mondial en 2030), soit le système énergétique le moins pollueur par point de PIB des 20 grandes puissances de la planète, est néanmoins considérée comme le principal responsable de ces émissions dont le « petit écureuil » français doit continuellement s’excuser. Il en résulte que nous devons effectivement accélérer le développement du nucléaire, du photovoltaïque à base de panneaux produits en France et de l’hydroélectrique en confiant définitivement nos barrages à EDF en contrepartie d’un triplement en urgence des investissements d’EDF sur ces barrages. En revanche, les « éléphants » chinois, indien, russe dans le monde, et allemand en Europe, n’ont aucune responsabilité dans le réchauffement climatique. Frappez l’écureuil pour ne pas voir les éléphants.
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