Europe210514-ILLChallenges – 7 mai 2014

Pour apporter de la cohérence à l’Union à 28 et à la zone euro, il faudrait constituer un noyau dur de neuf pays. Mais pour l’intégrer, il faut remplir trois conditions.

Je suis proeuropéen, mais je ne supporte plus depuis longtemps l’européisme consistant à dire que tout est bien, alors que notre continent est devenu le « ventre mou » du monde. Aujourd’hui, l’Union européenne est une masse, pas une puissance. Si elle pèse près d’un quart du PIB de la planète (en valeur), elle n’est qu’un acteur secondaire dans les dossiers stratégiques mondiaux. Par ailleurs, la zone euro est en convalescence après une crise gravissime qui a duré six années. Elle retrouve à peine son niveau de production de la fin de 2007. Enfin, les divergences de niveau de vie entre le nord et le sud de la zone euro sont inquiétantes pour l’avenir. Que faire ? Priorité principale : apporter de la cohérence à la zone euro. On sait qu’il ne peut pas y avoir de divorce durable entre souveraineté monétaire et souveraineté politique. Je milite pour la constitution d’un noyau dur, qui regrouperait les neuf pays du cœur du continent, soit 300 millions d’habitants. Il faudrait poser trois conditions pour y entrer. La création d’un gouvernement économique de la zone, si l’on veut éviter la récurrence des crises. La création d’un budget de la zone (qui, avec 2 à 5 % des PIB nationaux, gérerait la recherche et le développement, les infrastructures, les universités…). Troisième condition à l’entrée : encadrer la concurrence fiscale et sociale entre pays européens, qui est devenue insupportable, en instaurant des minima sociaux et fiscaux – taux minimal de TVA ou d’impôt sur les sociétés, par exemple.

Pour relancer l’Europe, il faudra également attaquer de front deux autres questions. La première est liée à la réciprocité dans le commerce mondial. L’excédent actuel de la balance courante de la zone euro ne signifie pas que les échanges sont économiquement et politiquement équilibrés avec les autres zones. Cet excédent résulte principalement de la grave crise économique européenne : avec un pouvoir d’achat en berne, nous achetons moins à l’extérieur. Dans le même temps, il n’y a pas de réciprocité dans les échanges : les marchés publics américains, chinois, russes ou brésiliens, notamment, ne sont pas aussi facilement accessibles pour les Européens que l’inverse. Il faut introduire la réciprocité, s’agissant des normes sociales, environnementales, et de l’accès aux marchés publics.

La seconde question est celle de la politique de la concurrence, qui est trop courtermi ste, qui n’intègre pas assez les nécessités du développement de technologies génériques européennes. Il ne s’agit pas de choisir les gagnants de la compétition industrielle, mais de s’assurer que l’Europe détient toutes les technologies-clés pour forger son avenir dans les secteurs qui comptent. Sortons d’un européisme factice pour aborder ces questions de front !

Actus en relation

Laisser un commentaire

Nombre de commentaires :

Suivez-moi sur Twitter
Derniers passages médiatiques