Les Echos – 6 décembre 2016
Les élèves français décrochent dans les classements internationaux. Il faut refonder l’école primaire et faire de l’alternance la voie privilégiée dès la 4 e .
La révolution du numérique nous oblige à transformer notre système éducatif, non seulement dans ses structures mais aussi dans ses finalités, car nos jeunes doivent être formés aux démarches collaboratives et doivent acquérir la capacité de mener des recherches originales. Notre système est à la fois inégalitaire et peu performant, comme le montrent les enquêtes internationales. Il faut sortir d’un système éducatif qui produit des spectateurs critiques plutôt que des acteurs responsables du monde futur.
Pour cela, il faut refonder l’école primaire, et notamment le premier cycle d’apprentissage des compétences de base (lecture, écriture et calcul), en sorte qu’aucun élève ne quitte le CE1 sans savoir lire, écrire et compter. Un examen de fin d’études primaires doit évaluer les compétences des enfants et les orienter, dans le cadre d’un collège commun, vers le cycle d’enseignement général ou vers des classes d’enseignement primaire supérieur centrées sur les apprentissages essentiels. En contrepartie d’une revalorisation salariale, il faut augmenter le temps de présence des enseignants dans les écoles, collèges et lycées.
Développer l’apprentissage
L’apprentissage professionnel en alternance à partir de la classe de quatrième doit devenir une voie de formation privilégiée avec débouchés vers l’enseignement supérieur technique pour les meilleurs élèves. Pour ce faire, il faut créer une filière spécifique de formation professionnelle en dehors de l’Education nationale sur le modèle de l’enseignement technique agricole, dont la qualité est reconnue.
A la fin de 2015, la France comptait 403.000 apprentis, soit 5,2 % des jeunes de 15 à 24 ans contre 16 % des 15-24 ans en Allemagne. 20 % des entreprises allemandes recourent à l’apprentissage contre 3,5 % en France, cette dernière ayant changé continuellement les règles de l’apprentissage au cours du dernier demi-siècle. En ramenant la condition d’âge à 14 ans (13 ans avec l’accord des parents) à l’issue de la fin de la classe de 5e, on peut redonner le goût de la vie aux jeunes en difficulté. Surtout, on peut alors insister pendant deux ans sur l’apprentissage des compétences de base (lecture, écriture et calcul) afin de leur donner le bagage minimum pour réussir dans la vie.
Trois années clefs
L’échec dans l’acquisition des compétences de base doit être absolument surmonté. Les travaux récents des spécialistes des systèmes cognitifs montrent que l’apprentissage des trois compétences de base, pour fonctionner dans la société (lecture, écriture et calcul), s’accomplit dans trois années de formation initiale : dernière année de maternelle, cours préparatoire (CP) et CE1. Il est donc essentiel de centrer les moyens éducatifs sur ces trois années en faisant largement appel, au cours du premier trimestre du CP à l’apprentissage de la lecture par la méthode alphasyllabique qui correspond aux modes de fonctionnement de l’apprentissage par le cerveau des enfants.
Il est important, également, de prendre en compte les enseignements de l’OCDE, qui gère le classement Pisa d’évaluation des compétences des enfants dans les pays développés. Les meilleurs systèmes d’éducation sont ceux qui donnent le plus d’autonomie possible aux établissements scolaires pour développer des projets pédagogiques originaux et qui accordent une attention maximale aux déficiences des enfants dans les trois années clefs évoquées précédemment. Ainsi, aucun enfant ne doit être laissé sur le bord de la route, contrairement au système actuel, dans lequel plus d’un cinquième des enfants ne maîtrisent pas les compétences de base à l’issue de l’école primaire.
Crédit photo : Frédéric BISSON
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