Le Parisien – 5/11/2019

La France instaurera des objectifs chiffrés en la matière à partir de 2021. Mais est-ce la bonne solution pour répondre aux besoins de main-d’œuvre des secteurs en tension ?

«Oui, la France manque de compétences dans certains domaines»

Pensez-vous que la France ait besoin de recourir aux quotas d’immigration économique ?

CHRISTIAN SAINT-ETIENNE. Tout à fait. La France manque de compétences dans certains domaines et notamment ceux de la révolution digitale. Nous avons besoin de très bons informaticiens, de spécialistes de la programmation numérique, de data miners… Cela représente entre 80 000 et 90 000 ingénieurs par an. Or, nous n’en formons que 60 000 chez nous, c’est-à-dire pas assez. D’autant que certains d’entre eux partent à l’étranger.

Identifiez-vous d’autres secteurs en tension ?

Oui. Les biotechnologies par exemple, mais aussi et surtout l’industrie. Dans ce dernier domaine, il reste 300 000 emplois non pourvus en France. Ce sont par exemple des postes de techniciens de production. Ce phénomène va s’intensifier dans les années à venir. Car avec les départs en retraite de toute une génération, j’estime qu’il faudra trouver environ 200 000 ouvriers spécialisés chaque année.

Ne peut-on pas les trouver parmi les nombreux demandeurs d’emploi en France ?

Si, c’est sûr. Mais cela prend du temps pour former des ingénieurs ou des ouvriers spécialisés. Nous avons besoin de sang neuf sans attendre !

De quels pays pourraient venir les travailleurs étrangers ?

Cela dépend des secteurs évidemment. Mais par exemple, concernant les métiers du digital, les ingénieurs du bassin méditerranéen sont excellents, comme les Iraniens, les Tunisiens et les Marocains. Nous pourrions les tester avant de leur proposer des contrats de trois, cinq ou sept ans, qui seraient renouvelables si leur intégration sur le territoire se passe bien.

Combien faudrait-il accueillir de migrants économiques chaque année ?

Je crois qu’en flux, il faudrait recruter entre 30 000 et 50 000 travailleurs économiques par an. Et même monter jusqu’à 80 000 si l’on inclut les effectifs de l’industrie.

Photo par Alex Kotliarskyi sur Unsplash

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