Le Figaro – 28/10/2021

Quel que soit le scénario envisagé pour le climat, la part des émissions des pays européens, et en particulier de la France, sera bien moindre à l’horizon 2030 que celle des pays du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Asie, démontre l’économiste. Pourtant, ce sont ces nations qui sont le plus pointées du doigt, déplore-t-il.

Le réchauffement climatique est avéré et ses conséquences sont significatives. Partant de ce constat, une certaine propagande écologiste instille trois idées clés. Ce serait la responsabilité de l’Europe de résoudre le problème car l’Europe est la source principale de pollution. La classe politique européenne n’aurait rien fait pendant des années et il faut mettre les Verts au pouvoir en urgence absolue pour sauver l’humanité, la population européenne devant accepter, de gré ou de force, une forme de décroissance accélérée. La situation en France serait catastrophique, et la seule solution passerait par les énergies renouvelables car on ne pourrait compter sur le nucléaire comme solution pérenne.

Or il apparaît que ces trois affirmations sont monstrueusement fausses !

Le développement conjoint du marxisme vert – vert à l’extérieur et rouge à l’intérieur -, et du wokisme qui analyse tous les sujets sous le prisme de la race et du sexe tout en récusant toute référence au réel, ne permet plus de regarder les choses en face. C’est néanmoins ce que j’entreprends ici.

Des travaux s’appuyant sur le programme Edgar – Emissions Database for Global Atmospheric Research – de la Commission européenne montrent la répartition géographique des émissions de CO2 dans le monde en 2018 et sa répartition probable en 2030 selon deux scénarios. Selon le scénario 1, nous supposons qu’un effort minimal est mis en œuvre par les principaux pollueurs mondiaux et que les émissions mondiales n’augmentent que de 10 % de 2018 à 2030. Selon le scénario 2, les principales tendances actuelles continuent et les émissions mondiales de CO2 augmentent de 25 % de 2018 à 2030.

Compte tenu des tendances d’émission de CO2 observées sur les dix dernières années et des engagements effectivement pris et mis en œuvre par les États, il apparaît que, dans le scénario S1, le plus favorable pour le climat, la part de l’Union européenne à vingt-sept dans les émissions mondiales de CO2 devrait passer de 8,1 % en 2018 à 6,3 % en 2030. Celle de la France passerait de 0,9 % en 2018 à 0,7 % des émissions mondiales en 2030 pour un PIB français représentant 3 % de la production mondiale, ce qui démontre l’extrême efficacité et rigueur environnementale du secteur productif français.

Cette réduction massive de la part européenne dans les émissions mondiales résulte de toutes les dispositions prises par les gouvernements européens, depuis un quart de siècle, visant à améliorer l’efficacité climatique de la construction et des transports. L’instrumentalisation de la jeunesse européenne contre les seuls gouvernements ayant réellement agi contre le réchauffement climatique est grotesque.

À l’inverse de l’Europe, la part de la pollution émise par l’Asie, l’Afrique et Moyen-Orient passerait de 58,6 % des émissions mondiales de CO2 en 2018 à 64,8 % en 2030.

Dans le scénario S2, le moins favorable pour le climat, la part de l’Union européenne dans la pollution mondiale tombe à 5 % en 2030 et celle de la France à 0,6 % des émissions mondiales de CO2 en 2030 ! À l’inverse, la part de la pollution mondiale émise par l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient grimpe à 68,5 %, voire dans un scénario plus pessimiste à 70 % de la pollution mondiale en 2030 !

Ces chiffres essentiels sont soigneusement cachés pour cliver la population européenne en lui faisant croire qu’elle est la source principale de la pollution mondiale et qu’elle doit accepter, y compris par la contrainte, de réduire non seulement ses émissions de CO2 mais aussi et surtout sa consommation d’énergie afin d’accélérer sa décroissance. Une punition inutile infligée à une Europe qui par la révolution scientifique et politique des XVIIIe et XIXe siècles a « inventé » la croissance économique après trois millénaires de stagnation du niveau de vie et de l’espérance de vie, cette dernière ayant triplé au cours des deux derniers siècles. À preuve, les scénarios de RTE qui viennent d’être publiés pour envisager la « dépollution » de la France, qui est pourtant le grand pays de plus de 50 millions d’habitants le plus vertueux du monde en termes d’environnement, sont construits sur une baisse de la consommation d’énergie de plus de 40 % d’ici à 2050 afin d’enclencher la décroissance de la production française et la baisse du niveau de vie de la population la plus vertueuse !

Il s’agit donc de briser la France, dont la contribution à la pollution mondiale baissera mécaniquement à 0,2 ou 0,3 % des émissions mondiales de CO2 avant 2050, afin de permettre à l’Asie de multiplier les centrales électriques au charbon en produisant près de 70 % de la pollution mondiale en 2030.

Encore plus insupportable est le fait que lorsque les Verts sont au pouvoir, comme Cécile Duflot lorsqu’elle était ministre du Logement en 2012-2014, ils n’enclenchent pas une politique massive d’isolation des logements qui permettrait de réduire les émissions de C02 de 20 % en vingt ans, sans régression du niveau de vie, par la création d’une filière entière de réhabilitation du parc de logements qui pourrait créer de 300 000 à 350 000 emplois pérennes non délocalisables. Car les Verts français, à la différence des Verts allemands, n’ambitionnent pas de favoriser l’essor d’une France prospère et toujours plus vertueuse en matière environnementale, mais poursuivent le vieux rêve de mettre à bas le capitalisme et entreprennent de culpabiliser un pays dont ils n’ont pas la fierté.

Crédit photo : Markus Spiske

 

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