Les Echos – 13/12/2022

Les scénarios sont sombres à court et moyen terme. Sauf si la guerre en Ukraine se terminait… Un conte de Noël.

Les prévisionnistes sont pessimistes ! Le conflit entre la Chine et les Etats-Unis pour la domination mondiale s’aggrave en dépit des déclarations de bonnes intentions des présidents de ces deux pays. La guerre de la Russie en Ukraine prend un tour de plus en plus violent avec des bombardements de civils pour essayer de cacher des insuccès militaires. L’Allemagne s’affirme comme la première puissance européenne, y compris sur le plan militaire, tout en étant incapable de mener une politique favorable à l’Europe : c’est le mercantilisme allemand au bénéfice de la seule Allemagne qui emporte tout.

La France est à la dérive, avec des finances publiques enfoncées dans le rouge. Dès 2023, selon le FMI, et plus encore dans les années suivantes, la France devrait avoir les déficits publics les plus élevés d’Europe parmi les grands pays de l’Union. L’Italie cumule des excédents de son commerce extérieur avec des déficits publics qui seront bientôt en dessous de ceux de la France. La crise énergétique s’aggrave.

Avant la guerre, l’avenir était riant

Bref, l’Allemagne domine une Europe en crise à l’Ouest et en guerre à l’Est. Le monde se réarme. Et la France plonge dans le double déficit sous la conduite d’un président qui apparaît totalement dépassé face à la désindustrialisation qui continue. Est-ce le dernier Noël des temps heureux ?

Tel est le futur annoncé. Est-il certain ?

La guerre en Ukraine a beaucoup fait pour noircir des perspectives qui étaient riantes au début février 2022 lorsque le rebond de l’activité en Europe semblait solide et inarrêtable. Les prix de l’énergie et des matières premières ont explosé. Mais avec la hausse des prix de l’énergie et l’accélération de la transition vers un monde bas carbone, la consommation d’énergie a commencé à reculer tandis que le blé ukrainien a pu s’exporter en partie. Surtout, le coût de la guerre pour la Russie, en morts et fuite des compétences, devient tel que le peuple russe commence à ouvrir les yeux sur la nature de l’agression contre l’Ukraine, un pays frère martyrisé par l’oligarchie russe.

Alors que la récession semble programmée pour 2023, on ne peut exclure que les Américains finissent par se lasser d’aider l’Ukraine sans perspective de paix tout en alimentant une guerre qui jette un peu plus la Russie dans les bras de son réel ennemi stratégique, la Chine.

On sait que Poutine a accumulé les décisions désastreuses sur un substrat inflammable : contrairement à ce que souhaitait Henry Kissinger, les Etats-Unis et l’Union européenne ont été incapables de donner une place à la Russie dans un nouvel ordre européen qu’il aurait fallu construire entre 1991 et 2021. Et si Biden, qui n’a pas perdu les élections américaines de mi-mandat, s’entendait avec l’Allemagne et la France pour proposer les contours d’un nouvel ordre européen en contrepartie d’un arrêt immédiat du conflit en Ukraine ? La Russie garderait la Crimée tandis que le Donbass deviendrait autonome au sein de l’Ukraine libérée.

Dans ce scénario, qui semble relever du miracle à ce stade, et en cas d’accord, toutes les sanctions sur la Russie seraient levées. La baisse rapide des prix de l’énergie et des matières premières enclencherait un ralentissement massif de l’inflation. De nouvelles perspectives d’exportation s’ouvriraient pour les entreprises européennes. La confiance pourrait retrouver rapidement un niveau historiquement élevé.

Un conte de Noël ? Agissons pour qu’il se réalise.

Photo de Cristian Escobar sur Unsplash

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