Interview à Atlantico – 20 02 2023

L’intelligence artificielle aura-t-elle les mêmes conséquences pour les emplois de services que celles de la mondialisation vis-à-vis de l’industrie ? Après que Mark Zuckerberg ait annoncé que Meta allait remplacer le middle management par de l’intelligence artificielle, le cours de l’entreprise a bondi de plus de 20%, sa plus forte hausse en 10 ans.

Atlantico : L’intelligence artificielle risque-t-elle d’avoir les mêmes conséquences pour les emplois de services que celles de la mondialisation vis-à-vis de l’industrie ?

Christian Saint-Etienne : La mondialisation n’a pas eu les mêmes effets sur les emplois dans l’industrie à l’échelle des différents pays de la planète. Pour les nations qui avaient une stratégie nationale afin de conserver une industrie puissante, la mondialisation n’a pas eu les mêmes effets que dans un pays comme la France où les élites avaient décidé il y a trente ans que l’industrie appartenait au passé. Cela sera la même chose pour l’intelligence artificielle concernant les emplois de service. Cela va dépendre des stratégies nationales et des approches spécifiques des entreprises. Il n’est pas possible de considérer qu’il y a un effet soit de la mondialisation, soit de l’intelligence artificielle sur l’industrie qui est totalement indépendante des réponses stratégiques des Etats et des entreprises.

Laurent Alexandre : La mondialisation a créé énormément d’emplois à l’échelle planétaire. Il y a beaucoup plus d’emplois aujourd’hui qu’il n’y en avait en 1960. Il y a eu des destructions dans certains secteurs, dans les pays non-compétitifs, dans les branches qui ne sont pas modernisées. Mais à l’échelle mondiale, il n’y a pas eu de destructions d’emplois massives suite à la mondialisation.

En ce qui concerne l’intelligence artificielle, nous sommes face à une certaine inconnue. L’arrivée de ChatGPT dans sa version 3.5 est une grande surprise. Un aussi gros progrès semblait jusqu’alors impossible. Il n’y a pas encore eu de réflexions structurées sur l’impact de ces nouveaux réseaux de neurones, dits LLM, sur l’économie et sur l’emploi. Ce saut technologique est très récent. Il n’a pas encore été digéré par les experts en économie. Nous sommes dans une phase de progrès rapide dans ce domaine. Un plafond de verre sera-t-il rapidement atteint ? Ou est-ce que les réseaux de neurones LLM vont continuer à progresser pendant de nombreuses années ? S’ils plafonnent à moyen terme ou bien alors s’ils progressent continuellement sur dix ans, l’impact sur le monde du travail et sur la société sera radicalement différent d’une situation à l’autre. A la fin de l’année 2023, une meilleure vision de la vitesse de progrès des LLM se dessinera. Il sera alors possible d’établir des scénarios macroéconomiques sur l’impact de ces nouvelles formes d’intelligence artificielle.

Que vont devenir les personnes dont les emplois seront détruits suite aux progrès de l’intelligence artificielle et face à son impact direct sur le monde du travail ?

Laurent Alexandre : L’un des plus grands spécialistes de l’intelligence artificielle en France, Serge Abiteboul, a déclaré dans les colonnes du Monde qu’il fallait bien comprendre que les nouveaux métiers, comme les data scientists, nécessitent beaucoup de neurones. Ces emplois requièrent des profils innovants, adaptables et très intelligents. La difficulté qui va se poser est que les métiers qui vont être supprimés suite à l’évolution technologique vont être remplacés par des métiers très conceptuels et très compliqués. Il n’est pas évident que tous les travailleurs puissent se reconvertir.

Un autre grand spécialiste international de l’intelligence artificielle, l’un des trois inventeurs des réseaux de neurones, Yoshua Bengio, disait que faire croire que l’on va pouvoir transformer un chauffeur routier en spécialiste de l’informatique est un mensonge.

Il y aura donc des difficultés. Les nouveaux métiers qui vont se créer vont souvent être des métiers très complexes, très intellectuels et très conceptuels. Dans le monde du travail, tout le monde ne peut pas être innovant, conceptuel et brillant. Il y a donc un risque si l’on ne réforme pas radicalement l’école et la formation professionnelle. Les nouveaux emplois de demain pourraient ne pas être bien adaptés aux personnes qui vont perdre leur emploi à cause de ces nouveaux outils. Une vraie réflexion de fond doit être menée pour éviter de se retrouver dans la situation décrite par Yuval Noah Harari dans son livre « Homo deus », le monde du futur avec des « dieux » qui maîtrisent bien l’intelligence artificielle et des « inutiles » qui n’arrivent pas à trouver un emploi dans ce nouveau monde ultra complexe.

Christian Saint-Etienne : Depuis deux siècles, des questions se posent sur les conséquences des nouvelles technologies sur l’emploi. Les économies ont la capacité de s’adapter, de se transformer et de créer de nouveaux emplois suite aux évolutions technologiques et grâce à l’essor des progrès techniques. Toutes les études à l’horizon 2030 – 2035 montrent que, quelles que soient les évolutions technologiques, il y aura un essor considérable des emplois qualifiés. Il faudra développer des programmes d’intelligence artificielle. Il sera nécessaire de produire des micro-processeurs et des ordinateurs.

La question centrale est donc de savoir si une stratégie va être mise en place dans l’Union européenne afin de développer massivement l’intelligence artificielle, les logiciels et les microprocesseurs ou s’il va falloir importer toutes ces technologies ? Les stratégies vont donc déterminer l’impact réel.

Il faut bien distinguer les emplois de service à la personne des emplois dans le domaine technologique. Les emplois de service à la personne vont perdurer. L’intelligence artificielle aura du mal à s’occuper des enfants, des personnes âgées ou des malades avec la même empathie qu’un être humain. Il y aura donc une croissance des emplois qualifiés qui représentent 30 % de l’emploi. Des études de McKinsey laissent présager que cela pourrait augmenter encore de 20 %. Pour les emplois peu qualifiés, l’augmentation va aussi se poursuivre. Dans les restaurants, l’utilisation des robots n’est pas encore optimale. En Europe, aux Etats-Unis et en Asie, nous assistons à un fort développement des emplois de service à la personne ou dans les services directs. 40 % de l’emploi devraient continuer de progresser. Cela fait donc 70 % de l’emploi en tout.

La question se pose en revanche sur les 30 % restants. En menant une stratégie très offensive de production de micro-processeurs, des travailleurs dans les usines sont nécessaires. Si l’on souhaite robotiser, il faut construire des robots.

L’intelligence artificielle fera des dégâts s’il n’y a aucune prise de conscience et de réactions. Il est vital de mener des stratégies offensives afin de transformer l’intelligence artificielle en un instrument de modernisation.

En l’absence de stratégie, l’intelligence artificielle va devenir notre maître. Avec une stratégie puissante, conduite par les Etats européens et l’Union européenne dans son ensemble, la stratégie et la volonté collective peuvent transformer l’IA en instrument utile et décisif. Il est vital de décider de ce que nous allons faire de l’intelligence artificielle et comment nous devrons l’exploiter à bon escient.

Au regard de l’impact de la désindustrialisation ou bien encore suite à l’influence de Google sur l’économie, l’intelligence artificielle va-t-elle avoir des effets positifs sur le plan économique et sur le monde du travail ?

Christian Saint-Etienne : La situation récente aux Etats-Unis montre que les Américains sont prêts à relever le défi grâce à des lois puissantes et avec des moyens financiers considérables. Les Etats-Unis retrouvent leur souveraineté technologique et donc sur l’intelligence artificielle.

La grande question en revanche concerne la situation européenne. L’Europe n’a jamais mené de stratégie offensive dans le moindre domaine. Le Traité de Rome de la communauté européenne a été bâti sur un principe de concurrence et avait pour objectif de faire en sorte que l’Europe ne mène plus jamais de politique de puissance pour éviter la répétition des guerres. Le problème central est que l’Union européenne n’est pas un instrument de puissance. Elle ne parvient pas à imposer la réciprocité dans le commerce. Avant d’être capable de mettre en place des stratégies de maîtrise de l’intelligence artificielle au niveau européen, il sera trop tard.

Les Etats-Unis mettent en place des stratégies offensives avec des moyens adaptés à la différence de l’Union européenne.

Au niveau des Etats, en substitution de l’absence de capacité au niveau européen, des stratégies nationales se déploient. Les Allemands procèdent ainsi. L’Allemagne vient de lancer sa quatrième usine de semi-conducteurs. La France, ces deux dernières années, a tout juste réussi à décider d’une extension d’une usine de STMicroelectronics dans le bassin grenoblois. Les Allemands relèvent le défi à leur niveau. Les Français sont en retard. Cela est lié à la désindustrialisation massive que nous avons subie. L’industrie reste l’élément central de la maîtrise de l’intelligence artificielle. Lorsque vous êtes désindustrialisés, vous êtes démunis. La France doit donc se réveiller en contrôlant ses dépenses de fonctionnement et en augmentant massivement ses investissements dans l’industrie, la recherche, l’innovation, la production de micro-processeurs et l’intelligence artificielle.

Laurent Alexandre : Les effets positifs seront considérables. DeepMind, une filiale de Google, a mis au point une intelligence artificielle qui est capable de prévoir la forme des protéines à partir de la séquence de l’ARN (l’acide ribonucléique). En quelques semaines, en 2022, DeepMind a déterminé la forme en 3D de 200 millions de protéines, la quasi-totalité des protéines qui existent sur Terre. Ce travail aurait mis des siècles à être réalisé par la main de l’homme. Plusieurs mois sont nécessaires à une équipe entière de scientifiques pour déterminer la forme d’une protéine. Avec un oeil malthusien et pessimiste, il est possible de considérer que Google a retiré 1.000 ans de travail aux biochimistes. Mais avec un regard positif, il est possible de considérer que grâce à la détermination de toutes les formes des protéines existantes, la cancérologie va progresser, la lutte contre le vieillissement va avancer et des équipes entières de recherche vont pouvoir travailler plus efficacement sur de nombreux sujets biotechnologiques et agricoles dans les décennies qui viennent suite à cette découverte.

L’intelligence artificielle va créer beaucoup plus d’emplois que cela en a, en apparence, détruit.

L’économie, les pouvoirs publics et les dirigeants politiques vont-ils pouvoir s’adapter face à cette transition majeure et à la révolution technologique de l’intelligence artificielle qui va dépasser la simple robotisation ou l’automatisation des chaînes de production ?

Laurent Alexandre : La réflexion des politiques sur ce domaine est embryonnaire. Elle n’a pas véritablement commencé. Elle n’a pas débuté également au sein de l’école, à l’hôpital, chez les avocats, dans l’appareil d’Etat et dans les entreprises. Ce choc technologique de l’intelligence artificielle n’a pas été anticipé. Il est très récent.

Un certain délai est nécessaire afin que l’appareil d’Etat et les entreprises prennent la mesure du choc.

Les professions, les corporations et l’Etat ne vont pas se moderniser et intégrer ce bond technologique en l’espace de quelques semaines seulement.

L’impact des LLM sur l’école est considérable par exemple. Avec un LLM, un élève va en savoir plus et faire mieux, dans 100% des cas, que ce que fait son professeur. Aucun enseignant ne peut rivaliser en termes de connaissances et de synthèse avec ce que fait un LLM. La crédibilité des professeurs pourrait être remise en cause. Les enseignants vont devoir se réinventer.

Des interrogations demeurent sur la manière dont les enfants sont autorisés à se servir des LLM. Certaines écoles ou institutions comme Sciences Po ont interdit l’utilisation de ChatGPT. En revanche, l’Université de Wharton aux Etats-Unis a adopté une position intelligente. Le recours à ChatGPT n’est pas interdit à Wharton mais l’étudiant doit indiquer dans sa copie quel a été son usage précis de ChatGPT. Le niveau d’exigence aussi sera plus élevé pour cet élève par rapport à un étudiant qui n’aura pas utilisé ChatGPT dans sa copie.

Les enfants de 2040 se serviront de ce type d’outils. Interdire cela à l’université ne les prépare pas à la façon effective dont ils vont travailler dans le futur.

La France pourra-t-elle être compétitive et se positionner en tant que leader dans le marché de l’intelligence artificielle dans les années à venir ou la concurrence s’annonce-t-elle trop rude face aux Etats-Unis, à la Silicon Valley ou aux pays asiatiques ?

Laurent Alexandre : En France, le budget de l’INRIA (l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) est de 300 millions par an. Dans le même temps, le budget du département de recherche d’Amazon approche les 40 milliards par an. L’investissement que fait la France en recherche et développement pour l’intelligence artificielle est absolument insignifiant. Il y a donc un effort très important à mener dans ce domaine. Le rapport Villani, publié il y a cinq ans, n’a pas pris la mesure du choc qu’était l’intelligence artificielle et l’a complètement sous-estimé.

Une analyse de fond devrait être menée afin d’évaluer les impacts prévisibles de ces réseaux de neurones. Cela permettrait de proposer des mesures rapides pour que la France ne soit pas définitivement distancée et perdue pour les technologies du futur.

La France est très affaiblie en intelligence artificielle. Elle n’est pas du tout à la hauteur des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui investissent des dizaines de milliards en intelligence artificielle.

Pour que la France soit à la hauteur, il est nécessaire de redéfinir les priorités et d’investir plus d’argent dans l’intelligence artificielle. L’Etat doit faire un effort de compréhension de ces sujets-là.
Le gouvernement doit aussi transformer cette cause en un enjeu majeur. En France, l’intelligence artificielle a le « droit » à seulement un Secrétariat d’Etat. Il n’y a même pas de ministre du Numérique. L’intelligence artificielle est pourtant l’enjeu le plus important pour la France d’ici 2050. Elle ne peut pas se contenter simplement d’un Secrétaire d’Etat au Numérique. Cela est absolument suicidaire. Il est nécessaire d’avoir un réel ministre d’Etat en charge du développement de l’intelligence artificielle. Il disposera de pouvoirs étendus et sera directement rattaché au Premier ministre pour avoir plus d’impact.

Le ministère de l’Education nationale va aussi devoir évoluer. Il devra être rattaché au ministère de l’Intelligence artificielle. L’éducation de demain ne va être qu’une partie de la gestion et du développement de l’intelligence artificielle.

Il faut revoir la façon dont l’Etat gère l’intelligence artificielle.

Il est également urgent de revoir la grille salariale des spécialistes de l’intelligence artificielle en France dans l’appareil d’Etat et dans les instituts de recherche comme le CNRS ou l’Inria. Les bons spécialistes des LLM aujourd’hui gagnent entre 1 et 5 millions d’euros par an dans les grandes entreprises alors qu’un chercheur au CNRS ou à l’Inria gagne 100 fois moins. Cette situation est pathétique et intenable.

L’Etat ne peut pas payer 100 fois moins les spécialistes en intelligence artificielle que Google ou Microsoft. Cela est suicidaire et doit changer rapidement.

Christian Saint-Etienne : La France a des atouts mais elle ne les utilise pas par manque de compréhension des enjeux. La révolution de l’informatique est à l’oeuvre depuis quatre décennies. Elle entraîne une hyper industrialisation et ré-industrialisation de la planète par la robotisation, par la numérisation du système productif. La France, pendant ces 25 dernières années, s’est laissée massivement désindustrialiser par idéologie.

Au milieu des années 1990, les élites françaises se sont convaincues que nous entrions dans un monde post-industriel, post-travail. Cela correspond à un monde post-informatique, post-intelligence artificielle, post-électricité. Toute notre politique énergétique a été cassée ces quinze dernières années.

Le problème français est un problème de compréhension du monde par les élites. Même des personnes intelligentes comme Emmanuel Macron ne comprennent pas la mutation que nous évoquons. Si ces personnes le comprenaient, nous serions aussi en train d’ouvrir des usines de micro-processeurs comme les Allemands. Nous mènerions une politique de réduction beaucoup plus franche du déficit public par la réduction des dépenses de fonctionnement et l’augmentation très forte des investissements dans l’informatique, la robotique et l’électrification du système productif.

Lorsque nous annonçons le lancement de nouveaux EPR, les premiers vont arriver d’ici 15 ans. La réindustrialisation dans le monde de l’informatique et de l’intelligence artificielle s’opère sous nos yeux et elle va transformer le monde dans les quinze prochaines années.

La réindustrialisation dans la nouvelle révolution industrielle exige la robotisation et l’électrification du système productif. La France agit par des mini-mesures mais il n’y a aucune stratégie forte pour robotiser ou numériser tout le système productif, pas seulement l’industrie.

La France est parmi les pays développés celui qui a le moins de robots par millier de travailleurs. Nous avons encore les moyens d’agir. Nous ne les aurons plus dans dix ans. Nous avons encore des atouts. Les patrons de la recherche en intelligence artificielle chez les deux leaders mondiaux, Meta et Google, sont des Français. Mais paradoxalement, la France avait décidé de réduire l’enseignement des mathématiques, alors qu’elles sont au coeur de la révolution informatique et de l’intelligence artificielle. La France n’aura plus les moyens d’agir dans dix ans.

Depuis deux décennies, la France pêche par un manque de compréhension de la mutation du monde. Nos élites continuent de diriger la France comme si nous étions encore dans les années 1980. Elles n’ont pas compris la mutation du monde qui s’est opérée depuis trois décennies avec la révolution de l’informatique, dont l’intelligence artificielle est un sous-produit.

Nous sommes confrontés aujourd’hui à la troisième génération d’intelligence artificielle. Tout le monde s’extasie sur ChatGPT mais le système a été construit en partie par des petites mains en Inde qui ont intégré des milliards de données au sein de ce logiciel.

Dans l’intelligence artificielle, il y a deux niveaux. Il y a l’IA dans la main de l’homme. Les logiciels sont conçus par l’homme. Le niveau supérieur est l’intelligence artificielle autonome qui s’autodéveloppe. La puissance informatique permet ce développement.

L’intelligence artificielle auto-générative soulève de nombreuses questions et pose des problèmes éthiques et cybernétiques, surtout si cette intelligence artificielle tombait aux mains de cybercriminels.

L’intelligence artificielle n’est donc pas que de la technologie. Cela repose en grande partie sur une vision et de la stratégie afin de savoir si nous sommes en capacité de maîtriser cette révolution de l’intelligence artificielle. Il y a un volet éthique et de résistance à la cybercriminalité qui n’est pas suffisamment pris en compte. Si on met en oeuvre une stratégie puissante au niveau français pour rebondir et éliminer le déficit extérieur, qui va nous tuer si on ne bouge pas, il va falloir intégrer dans une stratégie déterminée tous ces éléments liés à la cybercriminalité et aux questions éthiques sinon la révolution de l’intelligence artificielle pourrait très mal se terminer.

Crédit photo : Possessed Photography sur Unsplash  

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