Les Echos – 20/06/2023

Une reprise en main de notre déficit public s’impose d’autant plus que la transition climatique va coûter de plus en plus cher.

Le déficit public de la Franc est passé de 9% du PIB en 2020 à 4,7% en 2022 avant de remonter à 4,9% en 2023. Compte tenu de la hausse des taux d’intérêt, la baisse du déficit programmée par le gouvernement à 3,7% en 2025, soit 1 point de PIB en dessous du niveau de 2022, conduira à une stagnation de la dette publique à 109,5% de 2023 à 2025. Le gouvernement reconnaît lui-même que la situation de nos finances publiques est très dégradée et qu’aucune amélioration réelle n’est en vue jusqu’en 2027, avec un déficit qui reviendrait seulement au niveau de 2019, autour de 3%. Même si Standard & Poor’s a maintenu la note AA de la dette française le 2 juin 2023, le retour à l’équilibre de nos finances publiques est, à ce stade et sans changement d’orientation, une vue de l’esprit.

Cet affaiblissement public s’explique en grand partie par le niveau d’entrée du déficit dans la crise. Le déficit français s’établissait à 3,1% en 2019 contre 0,6% pour la zone euro et un excédent de 1,5% avec l’Allemagne, soit un écart de 2,5% du PIB avec la zone euro et de 4,6% avec l’Allemagne. La France avait réduit ces écarts en 2022, mais la dérive de la dépense publique française en 2023-2024 les rouvre. En 2024, le déficit français sera vraisemblablement supérieur de 2% du PIB à celui de la zone euro et de 3% à celui de l’Allemagne.

Le faible ajustement relatif de la trajectoire de nos finances publiques explique que l’écart de dette publique en pourcentage du PIB va se creuser avec la zone euro en 2023-2024, voire diverger en 2025-2027 si une reprise en main ne s’opère pas rapidement. Cette reprise en main s’impose d’autant plus que la transition climatique va coûter de plus en plus cher, de l’ordre de 3 points de PIB par an, ce qui pourrait conduire la France au désastre financier en cas de nouveau choc comparable à celui du Covid-19.

L’origine de cette dérive est identifiée. La dépense publique progresse plus vite en France que chez ses voisins de la zone euro, de 7,3 points de PIB de plus qua la moyenne de la zone euro en 2022 à 7,8 points de plus en 2024, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. La réalité est plus grave si l’on compare la France à la zone euro hors France, l’écart de dépense publique atteignant 9,1 points de PIB en 2022 et 9,3 points en 2024. Non seulement la dépense publique dépasse de plus de 9 points de PIB celle des pays avec lesquels la France partage la même monnaie, mais cette dépense est inefficace puisque la croissance annuelle française est tombée à 1,15% sur la période 2014-2023 avec un déficit extérieur croissant. La croissance française qui permettrait de restaurer l’équilibre des comptes extérieurs est famélique et ne dépasse pas 0,75% par an.

La dépense sociale française dépasse 34% du PIB, soit le record du monde, sans que personne semble content ! L’école primaire est sinistrée avec un classement Pisa désastreux, 18% des enfants ne maîtrisent pas les compétences de base (lecture, écriture, calcul) et 12% des enfants qui les maîtrisent mal. Si la France surperformait ses compétiteurs dans tous les domaines, notre organisation serait un modèle. Mais dépenser 9 points de PIB de plus que les autres, alors que le pays s’appauvrit relativement, avec une baisse du niveau de vie de 12% comparée à l’Allemagne en moins de quinze ans, relève d’un Etat en faillite.

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