CSEFig2Le Figaro – 19/10/2015

Pour l’économiste, seul un leader capable de commander, prendre des décisions et se faire obéir pourra participer au redressement de notre pays.

La colère monte dans le pays, selon les déclarations répétées des principaux acteurs de la vie politique nationale, tandis que le Front national s’envole dans les sondages. Or le Front national n’apporte aucune solution positive aux problèmes réels de la France.

Ce parti propose trois réponses à la dérive actuelle du pays :

  1. une sortie de l’euro et la réintroduction d’une monnaie nationale qui se dévaluerait significativement par rapport à l’euro,
  2. la monétisation de la dette qui entraînerait une vague massive d’inflation,
  3. une sortie du marché unique et la mise en place de barrières douanières (droits de douane et quotas d’importation), ce qui provoquerait des pénuries massives à l’importation de produits alimentaires et industriels non produits en France et ce qui casserait les exportations de tous nos secteurs d’activité internationalisés (aéronautique, agroalimentaire, matériels de transport, tourisme, luxe, etc.). Le chômage s’aggraverait très fortement tandis que le pouvoir d’achat des salariés baisserait significativement.

La question fondamentale est donc celle-ci : pourquoi un peuple éduqué et ayant une histoire politique ancienne se jette-t-il dans les bras d’un parti populiste proposant des solutions suicidaires à des maux réels ?

Depuis 1992 (propos de François Mitterrand), les dirigeants du pays nous répètent que l’on a tout essayé pour résoudre les problèmes du chômage, et la situation continue d’empirer en France alors que le chômage de masse a disparu dans le nord de l’Europe.

Depuis 1999 (Jospin et Aubry), nos dirigeants nous assènent que la seule solution est le partage du travail alors que le chômage atteint ses plus bas niveaux dans les pays de l’OCDE ayant la durée du travail la plus longue.

Depuis 2005 (Chirac), le principe de précaution est posé en principe fondamental d’organisation en France alors que les pays les plus prospères privilégient l’entrepreneuriat et la prise de risque dans l’activité économique et la recherche et développement.

Depuis 2012 (Hollande), la taxation maximale des « riches » est érigée en fondement de l’action publique, ce qui fait fuir tous les entrepreneurs et innovateurs dont on attend par ailleurs la création d’activité et d’emplois.

Après vingt-trois ans d’action irresponsable, lâche ou passéiste (à quelques mesures près favorisant le travail et l’effort et vite effacées), on peut comprendre que le peuple se tourne vers des bonimenteurs dont les solutions briseraient les derniers pans d’activités qui fonctionnent encore dans le pays.

On peut supposer que si l’on proposait enfin des solutions rationnelles et cohérentes entre elles, le peuple se ressaisirait comme par magie. Il est clair qu’une réforme constitutionnelle interdisant le déficit de la Sécurité sociale, changeant le principe de précaution en principe de responsabilité et instaurant une règle d’or sur l’investissement des collectivités locales, serait une première pierre pour la reconstruction du pays. Une réforme ambitieuse des retraites et une rationalisation du « bloc communal », avec une dégressivité des allocations chômage, contribueraient au rétablissement de nos comptes publics. La TVA sociale permettrait de baisser significativement le coût du travail. Une baisse du taux d’impôt sur les sociétés et sur les revenus du capital favoriserait l’investissement productif.

Mais qui est encore prêt à écouter des solutions rationnelles aux maux du pays ? Qui croit encore à la parole publique après vingt-trois ans de débandade morale et d’échecs collectifs alors que nos voisins (Allemagne, Angleterre, Scandinavie) maîtrisent bien mieux que nous la mondialisation ?

Que faire alors ?

Il faut bien sûr présenter une vision de la France dans l’Europe et la mondialisation, capable avec tous ses atouts de faire aussi bien si ce n’est mieux que ses voisins aujourd’hui donnés en exemples. Il faut certainement affirmer une volonté de corriger ses errements et de faire enfin demain ce que l’on n’a pas fait hier, comme nous y exhorte un ancien premier ministre.

Mais dans l’état de déréliction qui est le nôtre, là n’est plus l’essentiel. La qualité centrale, décisive que l’on attend du prochain leader capable de redresser le pays, est l’autorité. Il ne s’agit pas de chercher un sauveur mais simplement de gouverner. Auctoritas : capacité à commander, prendre des décisions et se faire obéir. Oh mon Dieu, un mot latin, quelle horreur !

Et si cette autorité a une vision et affiche sa volonté, pourrait-il s’agir d’un chef d’État ? Chef du latin caput, tête : personne qui commande, qui exerce une autorité.

Enfin, tout est clair. C’était donc à cet effet qu’il fallait supprimer en urgence le latin de nos écoles. Évacuer l’autorité en même temps que l’excellence.

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